Ouverture 2014 : Débit de Poissons

Bonjour,

C'est fait ! Les premières lignes de la saison nouvelles sont écrites. A l'encre sympathique pourrait-on même ajouter. Comme si tout cela n'aurait pas dû ou pas pu commencer. Etrange...

Cela faisait 15 jours que je scrutais matin et soir, sur Vigicrues, la courbe monotone, désèsperemment plate, du niveau de la Dordogne à Argentat : 350 m3/s !!! Quelques coups d'oeil craintifs par la fenêtre et la coupe était pleine, comme la rivière dailleurs : Il pleut ! Il pleut encore ! Et puis une cassure, un soubressaut descendant des petits points bleus reliés sur le graphique : 320 m3/s. Ce n'était qu'un mirage ! La Rivière espérance n'avait jamais aussi mal porté son nom et son débit était remonté en l'espace d'une nuit. Le moral dans le fond des waders, je monte malgré tout quelques nymphes, je trie, je complète les séries, et j'enroule inlassablement 4 tours de plomb derrière chaque bille tungstène de 3mm.

J'étais résigné quand la rivière se remit à baisser, lentement, très lentement. Et si ça voulait bien rigoler tout à coup... Dans la nuit du jeudi avant l'ouverture, je dors mal (en fait je ne dors pas...) et repense à l'échange que j'ai eu quelques temps plus tôt, par mail, avec un grand pêcheur qui connaît très bien la Dordogne : Jusqu'à 250 m3/s c'est possible m'avait-il fait comprendre ! Pour moi la limite avait toujours été à 200m3. Mais lorsque ce pêcheur dit quelque chose, je le crois, assurément. je me remets donc doucement à éspérer même si les 250m3 étaient encore loin d'être atteints. Et puis après tout, qu'aurais je bien pu risquer en me rendant sur la belle, quand bien même elle n'aurait pas été pêchable le jour de l'ouverture, mis à part le fait de me taper 4h de route aller-retour, de passer la journée au soleil sur la terrasse de Chez Maryse, de lui permettre de réaliser un chiffre d'affaire inégalé jusqu'à maintenant, de me faire ultra-violé par un rayon x et de trébucher dans une Dordogne en furie en regagnant ma voiture... J'allais donc tenter le coup, c'était certain, mais sans aucune conviction il faut bien le dire.

Je me retrouve donc sur les rives de la Belle le samedi matin. Le comble, c'est que je prends l'option complètement surréaliste d'aller sur le bas : Puybrun ! Là bas, ça pousse à fond la caisse ! Je rejoins un secteur que je pêche régulièrement et m'aperçois que la fosse que j'aîme tant pêcher est hors de portée. L'eau est dans les arbres ! Malgré tout, je remarque un amorti qui me paraît pêchable. Les lancers vont être délicats car la végétation n'a jamais été aussi proche et envahissante dans cet endroit. Je tente le coup quand même et me dit qu'il va falloir poser juste, faire claquer cette nymphe en tête de "trou", et à la limite du fort courant afin que ça dérive dans l'ordre et au bon endroit... Un premier lancer et je sais que je suis trop court, que je passe au fond beaucoup trop tard par rapport à la configuration du poste ! Il faut que j'allonge de la soie... Deuxième passage plutôt pas mal, ça dérive comme il faut. Je replace ma soie à l'amont pour former un beau C, laisse passer encore un peu, bloque gentiment tout ça afin de faire décoller ma nymphe, puis relâche en donnant un peu de soie. Un dernier appel en fin de dérive et je relance avec un plaisir intense de retrouver toutes ces sensations. Troisième dérive, à l'identique, et après le premier appel, ma pointe de soie marque un léger arrêt... ferrage ! Première truite de la saison ! Un régal, et qu'importe la taille modeste de ce poisson qui se défend dailleurs âprement. Je sortirais 2 autres truites sur ce poste.

Je remonterais ensuite la rivière, pêchant plusieurs secteurs étalés entre Beaulieu et Monceaux. Difficile de trouver des secteurs abordables, mais la nymphe au fil permet malgré tout d'appréhender efficacement quelques postes dans ces conditions. Je prendrais des truites sur chaque secteur pêché le samedi. Le Dimanche, un vent assez fort viendra semer le trouble et rendre la pêche beaucoup plus délicate. Au final, c'est une quinzaine de truites que je parviendrais à mettre à l'épuisette durant ces deux jours, avec en prime, de très jolis poissons.

C'était donc l'ouverture 2014, une histoire de débit qui pour moi, a connu un épilogue complètement magique et inespéré. Jamais je n'aurais pensé pouvoir pêcher, tout simplement, et encore moins toucher autant de poissons dans ces conditions. Vivement la prochaine fois...

Salutations.

nafario.